La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) reste un sujet dont il est difficile de mesurer l’impact des actions concrètes. Pourtant, la majorité des dirigeants d’entreprise et des parties prenantes la considèrent comme essentielle.

La récente étude publiée par le Médiateur des entreprises et la plate-forme de notation EcoVadis permet de témoigner de la remarquable performance des entreprises françaises, notamment pour les achats responsables.

Les auteurs classent en effet les entreprises françaises en troisième position, juste derrière la Suède et la Finlande, et largement devant leurs homologues allemandes ou américaines.

Ils s’appuient sur plus de 80 000 évaluations et des mesures précises concernant le social, l’éthique, la prévention de la corruption ou le respect de l’environnement.

Le score global de 54,3/100 obtenu par les entreprises françaises leur permet en outre d’atteindre un niveau qualifié d’« adapté » (quatre niveaux étant définis pour qualifier la qualité du système de management RSE : « exemplaire », « adapté », « incomplet » et « intangible »).

Dans le détail, l’étude propose une vision fine des performances sur différents grands thèmes : environnement, social, éthique et, spécificité de cette enquête, achats responsables.

Les entreprises françaises, toutes tailles confondues, se classent ainsi :

  • au premier rang sur le thème « social », couvrant les problématiques de ressources humaines et celles des droits humains
  • au 8e rang sur le thème « éthique », couvrant la corruption, les pratiques anticoncurrentielles et la gestion de l’information. C’est d’ailleurs sur ce thème que les entreprises françaises enregistrent la plus forte progression sur 6 ans
  • au 5e rang sur le thème de l’environnement
  • au 3e rang sur celui des achats responsables.
Performance RSE des entreprises mondiales
Médiateur des entreprises/EcoVadis (2021)

À l’échelle mondiale, on constate l’importance du cadre réglementaire sur ce dernier critère des achats responsables. En effet, seule la moitié des PME/ETI, non concernées par le devoir légal de vigilance, ont mis en œuvre des actions concrètes pour réaliser des achats plus responsables. A contrario, 87 % des grandes entreprises évaluées, bien entendu concernées par ce devoir de vigilance, ont mis en place de telles politiques.

Les entreprises françaises récoltent donc ici probablement les bénéfices d’un cadre contraignant qu’il importe désormais de dépasser pour transformer les contraintes en véritables opportunités.

On peut souligner que les entreprises les plus avancées en matière d’achats responsables sont également celles qui apparaissent les plus avancées sur les autres thèmes de la RSE.

Si le lien de causalité principal est bien celui d’un niveau de maturité général en matière de RSE, les achats responsables semblent désormais un excellent relais de diffusion de la responsabilité.

Nous avions d’ailleurs montré dans nos recherches que les achats responsables constituaient une source importante de création de valeur durable.

Leviers de progrès des achats responsables

Cependant, les achats responsables :

  • demeurent le thème sur lequel les progrès les plus concrets et importants peuvent être réalisés (puisque l’on part de relativement loin).
  • constituent un formidable vecteur de diffusion des pratiques responsables, chez les fournisseurs et tout l’écosystème
  • et en interne, favorisent les progrès en matière de gestion des ressources humaines ou d’utilisation des ressources physiques pour davantage de sobriété.
Notation des entreprises sur le critère Achats responsables-Ecovadis
Progression de la notation des entreprises françaises sur le critère « achats responsables ». Médiateur des entreprises/EcoVadis (2021)

Autrement dit, les achats responsables progressent lorsque l’entreprise qui les met en œuvre est déjà mature sur les autres dimensions de la RSE.

L’inverse, à savoir des progrès enregistrés sur les autres dimensions de la RSE faisant suite à des gains de maturité des achats responsables, n’est en revanche quasiment jamais observé.

Jusqu’à présent, les autres dimensions de la RSE semblent donc avoir « tiré » ces pratiques vers le haut, témoignant de certains effets bénéfiques de la nécessaire cohérence entre les pratiques internes et les pratiques externes. Le niveau de performance atteint par les entreprises sur les quatre dimensions observées semble aujourd’hui plaider pour une prise de relais, par les achats responsables, dans la diffusion des bonnes pratiques, de l’externe vers l’interne donc désormais.

La maturité relativement faible des achats responsables par rapport aux autres dimensions de la RSE offre donc aux entreprises de nombreux leviers de progrès, qui en étant actionnés, contribueraient à améliorer encore la maturité des trois autres dimensions, plus classiquement évaluées.The Conversation


D’après Hugues Poissonnier, Professeur d’économie et de management, Directeur de la Recherche de l’IRIMA, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-Être au travail et Paix Economique, Grenoble École de Management (GEM)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.


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